E\'CHAMP\'JEUX ludothèque itinérante

Lorsque nous parcourons les ruelles de Lassa, à la recherche du kilo de riz ou de la cartouche de thé, ou tout simplement pour saluer les amis, ce n'est plus au son des « toubabou » mais de « alpha, maïmouna! » nos prénoms maliens. Le bambara commence à faire son apparition dans notre vocabulaire « doni, doni » (doucement, doucement). Il ne reste que cette couleur de peau, même halée, qui ne trompe pas, et qui nous installe définitivement dans cette position d'étranger. À l'heure où on entend certains de nos ministres dire que le problème en France c'est les jeunes et les étrangers, on ne peut qu'avoir envi d'hurler à l'infamie et à l'ignominie de tels propos. On se sent finalement peu de chose quand on est soi-même dans ce statut. C'est déshumanisant au possible que de ne considérer quelqu'un qu'à travers son appartenance au pays où il se trouve. Nous ne sommes pas QUE des étrangers. Ici nous sommes alpha et Maïmouna, nous sommes deux éducateurs venus travailler avec les enfants. Nous sommes les amis de ousmane, issou, baba et plein d'autres encore. Nous sommes également des consommateurs lambda du marché de oualafabougou. Partout dans ce monde ceux qu'on appelle négligemment « les étrangers », on a juste tendance à oublier que ce sont des êtres humains ampli de leur histoire, de leurs joies et de leurs peines, et que le chemin de leur vie traverse les frontières vers un autre, un ailleurs, tout simplement. La situation d'étranger ici est pour nous plutôt confortable, en comparaison de ce que peut être celle des Africains en France. Mais enrayons l'ignorance et les dégâts qu'elle provoque et faisons en sorte qu'un individu, où qu'il soit, soit considéré avant tout par ce qu'il est et non ce qu'il représente. De la même manière que nous nous efforçons de faire comprendre ici que la vie en France n'est pas que douceur et volupté, qu'elle n'est pas à l'image de ce qui passe à la télé, gardons en nous l'esprit critique et allons nous rendre compte des réalités, afin que nos opinons soit le fruit de notre propre réflexion et non pas le clone d'une idée préfabriquée.

enfin bref, en pêle-mêle quelques photos de notre spot, des enfants lors d'un atelier et de la colline de Lassa vue d'en haut.